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L’état antérieur au présent (Responsabilité médicale)

INTRODUCTION

Survenue d’une infection nosocomiale chez un patient diabétique victime d’une fracture ouverte du coude qui sera ostéosynthésée : quelle est la participation de l’état antérieur dans la survenue du dommage ? comment évaluer les séquelles ? comment déterminer les préjudices indemnisables ?

Qu’il s’agisse de séquelles résultant d’un traumatisme ou survenant à la suite d’un accident médical fautif ou non fautif, l’étude de l’état antérieur et des antécédents revêt un caractère particulier en ce qu’il peut modifier l’évolution habituelle et reconnue des lésions initiales. De même, l’évènement causal peut modifier l’évolution de la pathologie préexistante ou concomitante.

L’état antérieur pose donc le problème épineux du lien causal entre le fait générateur et le préjudice réellement subi par la victime. La difficulté pratique apparait lorsque les séquelles de l’accident et l’évolution de l’état antérieur sont intriquées. C’est toute la problématique de l’état antérieur rendant parfois très difficile l’application d’un des principes essentiels du droit de la responsabilité : le principe de la réparation intégrale, pierre angulaire de l’indemnisation.

A ces difficultés techniques, s’ajoutent des difficultés notionnelles. En effet, en l’absence de définition légale, les notions d’antécédents, de prédispositions, d’état antérieur, ont des conséquences différentes selon que l’on se situe en assurance de personnes, en droit commun ou en responsabilité médicale. Autant de termes qui, dans leur acception médicale et juridique, se recoupent et que l’on retrouve indifféremment dans les rapports d’expertise, les jugements et les avis des Commissions de Conciliation et d’Indemnisation.

En droit commun, l’état antérieur est constitué des antécédents médicaux, chirurgicaux ou traumatiques d’un patient, ainsi que des facteurs de vulnérabilité qu’il peut présenter et des facteurs de risques qui peuvent être identifiés.

Dans le cadre de la responsabilité médicale, s’ajoutent à cet état antérieur les motifs de la prise en charge médicale d’un patient que ce soit un acte de prévention (une mammographie biennale de surveillance chez la femme ménopausée), de diagnostic (une biopsie sur un nodule thyroïdien) ou de soins (la mise en place d’un implant de hanche sur une arthrose). Dans cette situation, la survenue de tout évènement indésirable va compliquer tant l’évaluation des séquelles que l’appréciation des responsabilités.

Nous étudierons dans cette brochure l’état antérieur représenté par les antécédents médicaux, chirurgicaux ou traumatiques d’un patient, ainsi que ses facteurs de risques et de vulnérabilité. Le plan adopté illustre la collaboration entre le médecin, qui évalue le dommage, et le juriste, qui apprécie le préjudice qui en découle. Il est important de bien différencier les rôles : au médecin l’imputabilité médicale, au juriste la causalité juridique. Ainsi, il convient dès lors de bien distinguer l’analyse médicale du dommage de ses conséquences juridiques ; la démarche médicale tend à établir un lien entre un évènement et un état pathologique, et la démarche juridique tend à démontrer que cet évènement est la cause de cet état, avec toutes les conséquences qu’il faut en tirer au plan de la responsabilité de l’auteur de l’évènement et de l’indemnisation de la victime.

Cette brochure destinée aux juristes leur permettra de mieux appréhender dans un premier temps quelques aspects médico-légaux de l’état antérieur (1ère Partie), et dans un second temps, ses conséquences sur le plan juridique (2ème Partie).

Brochure complète – Juin 2016